Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/106

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donné et, regretté, sans doute, à cause de l’accoutumance et de la tradition et souvent de certains prestiges dont il s’est entouré, disparaît, et de telle manière qu’on s’étonne qu’il ait existé. Il en sera de même de la guerre qui, à supposer encore qu’elle ait été vraiment un moyen de civilisation, est certainement celui dont la disparition sera la moins regrettable et la moins regrettée.

La guerre ne sert jamais à rien. On la dit faite pour amener la paix, une paix durable en ce que, de deux puissants elle en élimine un qui désormais se tiendra tranquille. Où voit-on que les guerres aient ce résultat ? « L’Allemagne spoliée de l’Alsace-Lorraine en 1648 en dépouille la France, qui maintenant songe à la reprendre. Les victoires et les acquisitions de Napoléon se terminèrent par les traités de Vienne, dont le système artificiel suscita les guerres d’indépendance ; on y trouve même les guerres de la campagne de 1866 qui ont pour suite celle de 1870. La solution d’un litige met souvent en présence de questions adjacentes ; une fois entré dans cette voie, il est difficile d’en sortir, et la pente entraîne fatalement de guerre en guerre… Des lésions multipliées naissent les rivalités historiques, les haines ethniques qui engendrent de nouvelles violences… La fréquence même des guerres semble prouver qu’elles ne résolvent