Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/20

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Le moyen âge n’a connu le Pacifisme que par le Saint-Siège. Gouvernement romain encore et se sentant romain, se considérant à certains égards comme successeur de l’Empire, César spirituel, la Papauté a eu, elle aussi, du moins en intention, sa Paix romaine. Sous deux formes elle a tenté de l’établir. Par la trêve de Dieu elle cherchait à atténuer les « guerres privées », qui étaient un fléau plus redoutable encore que les guerres générales et qui décimaient continuellement toutes les populations de l’Europe. Par ses prétentions à être comme un tribunal des rois, elle essayait une sorte d’impérialisme spirituel qui n’est pas autre chose que la plus grande pensée et le plus grand dessein qui ait traversé le monde. Si l’impérialisme temporel peut se défendre par la beauté de son but, l’impérialisme spirituel peut se défendre par la sainteté du sien. S’il serait très acceptable qu’une grande force matérielle, qu’une force matérielle incomparable imposât la tranquillité au genre humain, fût-ce à son profit à elle, mais évidemment aussi à son profit à lui ; il serait bien plus beau encore et plus sûr et plus salutaire qu’une grande force, toute morale, imposât cette tranquillité par le seul moyen du respect dont elle serait l’objet de la part de tous.

Non seulement je trouverais bonne la « Paix