Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/26

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qu’elle n’a pas beaucoup de quoi se faire désirer aux bêtes qui ne l’ont pas » ; mais il ajoute immédiatement : « ... elles n’en sont pas universellement exemptes pourtant, témoin les furieuses rencontres des mouches à miel... » — Et l’on sait assez que le plus bel éloge de la vie des camps et des vertus qu’elle entretient dans l’homme a été écrit par Montaigne : « Il n’est occupation plaisante comme la militaire : occupation et noble en exécution (car la plus forte, généreuse et superbe de toutes les vertus est la vaillance) et noble en sa cause : il n’est point d’utilité ni plus juste ni plus universelle que la protection du repos et grandeur de son pays. La compagnie de tant d’hommes vous plaît, nobles, jeunes, actifs ; la vue ordinaire de tant de spectacles tragiques, la liberté de cette conversation sans art et une façon de vie mâle et sans cérémonie ; la variété de mille actions diverses ; cette courageuse harmonie de la musique guerrière qui vous entretient et échauffe les oreilles et l’âme ; l’honneur de cet exercice, son âpreté même et sa difficulté... Qui serait fort à porter vaillamment les accidents de la vie commune n’aurait pas à grossir son courage pour se rendre homme d’armes. Vivere, mi Lucili, militare est. »

Grotius, un peu plus tard, a été un pacifiste très