Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/35

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L’abbé de Saint-Pierre, que je place ici pour le rapprocher de son commentateur Jean-Jacques Rousseau, avait, comme on le sait assez, conçu et dressé un projet de « Paix perpétuelle ». Je le rapporte ici sommairement, parce que, si chimérique qu’on le puisse trouver, il sort des banalités théoriques et au moins cherche à être pratique ; parce que les projets modernes qu’on trouvera à la fin de cet écrit ne diffèrent pas essentiellement de celui de l’abbé, et enfin parce que les œuvres de l’abbé de Saint-Pierre ne sont pas dans toutes les bibliothèques.

« Il y aura désormais entre les souverains d’Europe qui auront signé les articles suivants une alliance générale et perpétuelle : premièrement pour former le corps de l’arbitrage européen ; secondement pour avoir sûreté parfaite et perpétuelle contre toutes les guerres civiles et étrangères ; troisièmement pour avoir sûreté parfaite et perpétuelle de leur conservation personnelle et de la conservation de leur postérité sur le trône ; quatrièmement, pour avoir sûreté parfaite et perpétuelle de la conservation de leurs États et de leurs droits en l’état qu’ils les possèdent actuellement et suivant les derniers traités ; cinquièmement pour avoir une grande diminution de leur dépense militaire afin de s’employer plus utilement à aug-