Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/40

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contre eux des intrigues dangereuses ; ils perdraient toutes ces ressources par la paix perpétuelle. »

Notez encore, et il y faut bien venir, qu’à supposer de la bonne volonté et des intentions droites et des sentiments philanthropiques de la part des princes et des ministres, le moment ne viendra jamais où toutes ces bonnes volontés se retrouveront en même temps d’accord. Il y a là un concours d’esprit de solidarité triomphant de l’intérêt particulier qui est bien invraisemblable, qu’il est téméraire de supposer se produisant tout à coup, plus téméraire encore de supposer se prolongeant. Pour aider un peu ce concours à se produire, il faudrait toujours persuader un peu violemment quelques récalcitrants, tantôt ceux-ci, tantôt d’autres, et nous voilà ramenés à la force : « Même avec la bonne volonté que les princes ni leurs ministres n’auront jamais, il ne faut pas croire qu’il fût aisé de trouver un moment favorable à l’exécution de ce système ; car il faudrait pour cela que la somme des intérêts particuliers ne l’emportât pas sur l’intérêt commun, et que chacun crût voir dans le bien de tous le plus grand bien qu’il peut espérer pour lui-même. Or ceci demande un concours de sagesse dans tant de têtes et un concours de rapports dans tant d’intérêts, qu’on ne