Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/48

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quence le droit des gens n’existe pas et que le mot lui-même de droit des gens est un vocable pédantesque qui devrait être banni de la langue politique. Le droit des gens n’existe pas ; mais il devrait exister, et les sociétés sont précisément les unes en face des autres aujourd’hui comme étaient les hommes les uns en face des autres avant que la société existât ; et il faut conclure le contrat intersocial comme on a conclu le contrat social, sans quoi l’on n’a que déplacé la barbarie. « Comme les particuliers ont renoncé à la liberté anarchique des sauvages, de même les États doivent renoncer à la liberté anarchique des sauvages pour se soumettre à des lois coercitives et former ainsi un « état de nations » qui tende à embrasser insensiblement tous les peuples de la terre[1] ». — C’est cet état de nations que Kant réclame comme solution de la question, et il est parfaitement certain qu’il n’y en a pas d’autre, en ce sens que la guerre existera tant que tous les peuples ne seront pas confédérés ou conquis, tant qu’ils ne seront pas arrivés par l’entente ou obligés par la force à n’en former qu’un. — Ailleurs, du reste, Kant range la guerre dans la catégorie des maux

  1. Voir Victor Delbos : les Idées de Kant sur la paix perpétuelle, Nouvelle Revue, 7 août 1899.