Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/51

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nécessité des maux comme condition des biens, la nécessité du mal comme condition du bien. De même que le travail, l’effort, sont depuis la chute une condition de la vie saine, mais peuvent être progressivement réduits jusqu’à un minimum nécessaire mais suffisant ; de même la guerre à la fois est nécessaire et peut être réduite à un minimum suffisant. Remarquez que ce minimum pourrait être, non pas même la guerre, mais seulement la crainte de la guerre, l’idée de la guerre considérée comme pouvant venir. Ce minimum suffirait vraisemblablement pour que le genre humain ne retombât point dans l’incurie et la stagnation. Donc il n’est pas inconciliable d’affirmer la guerre comme saine, salutaire et même nécessaire et de pousser tous les peuples à n’en former qu’un. Quand ils n’en formeront qu’un, ils seront encore tenus en éveil par la crainte que cette unité ne se brise et par la pensée que cette unité est une réussite peut-être éphémère. La guerre alors existerait encore, à l’état virtuel, pour ainsi parler ; c’est là son minimum, vers lequel il faut tendre ; mais ce minimum suffirait encore à remplir l’office que la guerre réelle remplit aujourd’hui. De même que l’instinct social, ardent quand il s’agit de constituer une société, ne périt pas quand cette société est faite ; mais