Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/67

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anticléricalisme et antimilitarisme vont assez naturellement ensemble. L’Église est corps constitué et hiérarchie ; l’armée est corps constitué et hiérarchie. La haine de l’une mène assez facilement à la haine de l’autre. Il n’est pas nécessaire pour cela que l’on ait l’esprit anarchique. Un simple, d’esprit droit, quoique limité, peut être bon citoyen passif, pour ainsi parler, respectueux de la loi et des ministres de la loi, s’engrener assez bien, suffisamment, dans l’état social, et ne point aimer ce qui l’engrène et l’enchaîne plus étroitement, une hiérarchie très apparente et très sensible, où il est très nettement à un rang très déterminé, lequel n’est pas très élevé, une hiérarchie où il est simple fidèle ou simple soldat et qui prétend le forcer soit à penser, soit à agir d’une manière très précise, très arrêtée et très uniforme. Ces similitudes ou ces analogies entre l’Église et l’armée font très souvent d’un anticlérical un antimilitariste qui ne croit pas être un antipatriote et qui peu à peu le devient. C’est au type que je viens d’indiquer que se rattachent la plupart de ceux des instituteurs français qui glissent à l’antipatriotisme ou qui y sont arrivés.

Songez encore aux socialistes logiques et intrépides qui comprennent très bien, pour les raisons que j’ai données ailleurs, que le principal obstacle