Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/83

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guerres de conquête font honte aux guerres de magnificence en ce que, elles au moins, ont un but matériel et réel. Elles sont faites pour diminuer le territoire du peuple vaincu et pour tirer de lui une indemnité de guerre, pour l’affaiblir en un mot, le rendre incapable de nuire et s’enrichir de ses dépouilles. Les guerres de conquête, à leur manière, mangent les vaincus. On peut donc accorder qu’elles sont beaucoup plus intelligentes et beaucoup plus rationnelles que les guerres impulsives et que les guerres de magnificence. Elles sont des guerres de pillage supérieures et méthodiques.

Elles n’en valent pas mieux. Au fond tout ce qui est prétexte et tout ce qui est sophisme étant écarté, la guerre de conquête consiste en ceci : rendre plus fort celui qui est plus fort. Si l’équilibre entre les peuples peut être considéré d’une part comme une garantie de l’harmonie générale, d’autre part comme une garantie relative de l’indépendance des différentes nations, d’autre part encore comme une certaine forme de la justice ; c’est précisément le but contraire qu’il faudrait chercher et atteindre. Supposez un Dieu ou une suprême autorité morale, celle d’un sage, celle d’un pape, devant laquelle on s’inclinerait, ce Dieu ou cette autorité supérieure dirait certainement : « Les Neustriens ont vaincu les Austra-