Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/94

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le pays, gouvernement, justice, police, force militaire, au service d’une religion contre une autre ; et c’est toujours la force décidant de ce qu’on doit croire.

L’absurdité prodigieuse des guerres de religion, quelque forme qu’elles aient revêtue, qu’elles revêtent ou qu’elles doivent revêtir, n’a pas besoin d’être démontrée. « La guerre, comme a dit Guizot avec une naïveté jouée, c’est-à-dire avec une jolie ironie, n’est pas le moyen naturel pour prouver la justesse des idées. »

Là aussi les moyens mieux adaptés à l’objet « ne manquent pas », comme dit le judicieux M. Lagorgette. Guerres de religion ou guerres de conviction devraient être remplacées par des discussions et uniquement par des discussions et propagandes. Précisément pour convertir il ne s’agit pas de prouver qu’on est fort, il s’agit de prouver qu’on est dans le vrai. Précisément pour convertir ; parce que la force qui s’impose non seulement ne convertit pas, mais fortifie dans le vaincu la conviction opposée à celle du vainqueur. Il en est de cela comme des nationalités ; exactement. À combattre une nationalité, on la confirme bien plus souvent qu’on ne la détruit ; il arrive même qu’on la crée là où elle n’était pas, c’est-à-dire qu’on la suscite là où elle n’était qu’à l’état latent ; de même on créerait un