Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je donnerai donc aux Athéniens mes idées générales sur l’ensemble des choses ; mais, pour ne point perdre de vue mon dessein, toujours en rattachant toutes ces idées à la morale, à l’importance supérieure de la morale et à la nécessité de la morale. La morale était le tout de Socrate, elle sera le fond et le centre de Platon, toutes les parties de mon renseignement étant, du reste, présentées de telle sorte que ce centre et que ce fond resteront bien dans les esprits, en dernière analyse, comme étant le tout.

Ce socratisme, je ne dirai pas surélevé, mais complété et couronné, je voudrais qu’il devînt l’esprit public athénien. On ne sait jamais ce qui peut advenir. Il n’est pas impossible que les Athéniens reconnaissent très nettement en moi un second Socrate et me fassent boire de la ciguë, ce qui est la bonne mort des héros de la pensée ; il n’est pas impossible, quoiqu’il soit moins probable, qu’ils se prennent d’enthousiasme pour ces doctrines et qu’ils se régénèrent en s’en inspirant ; il n’est pas impossible, encore, qu’ils s’en amusent tranquillement, sans en profiter le moins du monde, et qu’ils me laissent tranquille jusqu’à l’âge le plus avancé.

Dans les deux premiers cas j’aurai eu une destinée très glorieuse et littéralement digne d’un dieu, et