Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

créateur de puissances moindres que lui. Il crée les dieux supérieurs, déjà fort au-dessous de lui, et les dieux inférieurs, infiniment au-dessous de ce qu’il est. Et les dieux supérieurs forment les âmes, et les dieux inférieurs forment les corps, et les dieux supérieurs mettent dans les âmes un mélange de bien et de mal, de bonnes et de mauvaises passions, et les dieux inférieurs forment les corps où il n’y a presque rien qui ne soit mauvais. De telle sorte que le Dieu suprême, que Dieu n’est nullement responsable de ce qu’il y a de mauvais dans le monde.

Sous cette figuration, que l’on peut trouver grossière, les hommes ont vaguement conçu une idée juste. Cette idée est celle de l’escalier des êtres. Il est possible et il n’est pas contre la raison que tout vienne du Dieu parfait, par dégradations et par diminutions successives, de telle sorte que le parfait reste en haut et que le très imparfait rampe au plus bas ; de telle sorte aussi qu’il y ait une aspiration universelle du plus bas degré et de tous les degrés intermédiaires vers le plus haut, et que tous les êtres, par les échelons qui l’en séparent, veuillent plus ou moins consciemment remonter à l’essence pure d’où ils sont primitivement sortis. Acceptable est le polythéisme pris de la sorte, c’est-à-dire comme une hiérarchie des êtres ; accep-