Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
POUR QU’ON LISE PLATON

qui tend à elle, et que la valeur de chaque chose humaine, quelle qu’elle soit, s’établit par le constat des rapports qu’elle soutient avec la morale, et de la force et de l’efficace avec lesquelles elle y tend. Il n’y a que la morale qui soit une réalité, chez les hommes. Les autres choses, ou ont la réalité qu’elles empruntent d’elle, qu’elles tirent de ce fait qu’elles dépendent d elle et qu’elles travaillent pour elle, ou n’ont aucune réalité et sont de pures illusions.

L’erreur que l’on fait sur les arts, l’illusion dans laquelle on tombe à leur sujet, vient toute de là. Il y a des arts vrais et il y a des arts faux. Considérez tous les arts à la lumière que je viens de vous donner, vous verrez que les arts vrais sont ceux qui tendent à la morale comme à leur dernière fin et même à leur fin prochaine ; et que les arts faux sont ceux qui n’y tendent pas ; et que toute la classification des arts est là et que toute autre serait artificielle et du reste inextricable,

La cuisine est-elle un art ? Personne, sauf un cuisinier, ne voudrait le dire sérieusement. C’est une collection de procédés, c’est une routine ; ce n’est pas un art. Mais pourquoi donc ? Cherchez. Parce que la morale n’est aucunement intéressée dans la cuisine.

Mais l’hygiène ? Tout de suite, c’est tout autre