Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
POUR QU’ON LISE PLATON

par surcroît et sans le chercher. Par l’agréable, il doit tendre à l’harmonie de l’âme et, cette harmonie réalisée, il a mis l’âme dans un état d’agrément et de bonheur. L’art, c’est de l’agrément, obtenu dans le bien, après qu’on n’a cherché que le bien seul.

C’est ainsi, notez-le, que les arts rentrent dans la philosophie, non seulement, comme nous l’avons vu plus haut, parce qu’ils rentrent dans la morale ; mais parce qu’ils ont leur racine dans la psychologie, et vous voyez qu’ils tiennent à la philosophie de tous les côtés. Prenons la rhétorique par exemple. Si la rhétorique est l’art de persuader, par ce qu’elle a à persuader elle est la morale ; mais par la méthode de persuader elle est la psychologie ; car le premier moyen de persuader et de manier les âmes, c’est de les connaître. N’est-ce pas dans l’âme que vous voulez introduire la persuasion ? Sans contredit. Tout homme qui voudra enseigner la rhétorique ou tout homme qui voudra la savoir devra donc avant tout savoir ce que c’est que l’âme et s’en faire une image exacte, se décrire à soi-même ou décrire aux autres les diverses facultés de l’âme et les différentes manières qu’a l’âme d’être affectée. Il devra savoir, non seulement ce que c’est que l’âme en général, mais ce que sont les différentes âmes et par conséquent les différents