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POUR QU’ON LISE PLATON

c’est ainsi que je dois lui parler ; quand il possédera toutes ces connaissances ; quand il saura distinguer les occasions où il faut parler et où il faut se taire ; quand il saura employer ou éviter à propos le style concis, les plaintes touchantes, les amplifications magnifiques et tous les tours que l’école lui aura appris, alors seulement il possédera complètement l’art de la parole ».

La rhétorique est donc philosophique par son point de départ, par sa base, par sa méthode, comme elle l’est par son but. Elle part de la connaissance de l’âme humaine et elle a pour objet le perfectionnement de l’âme humaine. Elle part de la psychologie et elle aboutit à la morale.

Cela est vrai de tous les arts. Cela est moins visible et évident des autres arts ; mais c’est aussi vrai des autres arts que de la rhétorique elle-même. Tous les arts sont destinés à « faire pénétrer une persuasion dans des âmes humaines ». Cette persuasion s’appellera émotion, ravissement, enthousiasme, attendrissement, comme on voudra ; mais ce sera toujours une persuasion. Tous les arts sont donc comme contraints d’être philosophiques en soi, autant qu’ils le sont ou qu’ils doivent l’être par leur fin dernière. Ils dérivent de la psychologie ou plutôt ils sont tout psychologiques en eux-mêmes ; et ils arrivent à leurs fins véritables dans la morale.