Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
309
POUR QU’ON LISE PLATON

lents, légers et parfois cruels, absolument incapables de se gouverner sensément.

Mais sur ce dernier point il est ferme. A priori et a posteriori, le pire des gouvernements est le gouvernement d’Athènes ; et Platon aura quelque bienveillance pour toute espèce de gouvernement, à la condition qu’il ne ressemble pas à celui-ci. On peut compter là-dessus. Maxime secrète de Platon en fait de politique : « Pourvu qu’on ne soit pas comme à Athènes, on n’est point absolument dans le faux. »

A côté de ce sentiment dominant, Platon a aussi un principe général qui l’accompagne pareillement dans ses recherches ; c’est, comme nous avons dit, l’idée de justice.

Il est bien certain que la justice est rationnellement le fondement même des Etats, puisque les injustes eux-mêmes sont forcés d’être justes entre eux. « Une association, une armée, une troupe de brigands, une compagnie de voleurs, ou toute autre agrégation de même nature ne pourrait réussir dans ses entreprises injustes si les membres qui la composent violaient les uns à l’égard des autres toutes les règles delà justice ; parce que l’injustice ferait naître entre eux des séditions, des haines, des combats, au lieu que la justice entretiendrait entre eux la paix et la concorde. Si c’est le propre