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POUR QU’ON LISE PLATON

que de la suite de l’histoire. Elle est un fait anormal, triste et monstrueux là où elle est le résultat de la conquête d’une race affaiblie par un groupe violent, impérieux et avide. Elle est un fait logique, régulier et heureux, là où elle a pour cause l’accord d’un peuple intelligent et de la partie la plus intelligente de ce peuple ; l’accord d’un peuple qui a instinctivement « la science royale » et de la classe qui a instinctivement et avec réflexion et étude cette même « science royale » ; l’accord d’un peuple qui a l’instinct social et de la classe qui a instinct social et science politique.

Mais ni dans l’un ni dans l’autre cas ni dans un troisième, s’il en est un, l’aristocratie n’est chose de dogmatique. Il n’y a jamais à dire : « il faut la faire » ; il faut regarder si elle est ou si elle n’est pas ; car de l’imposer à un peuple qui n’est pas celui qui la comprendra et qui en a l’instinct si fortement qu’il y est déjà de lui-même, il n’y a absolument aucun moyen pour cela.

Mais, du reste, si, comme il est très probable, Platon n a dogmatisé que platoniquement et s’il a voulu surtout comparer plutôt qu’il n’a prétendu légiférer, et s’il a surtout voulu dire : « les peuples aristocratisants sont mieux organisés que les autres ; les peuples aristocratisants sont organisés