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POUR QU’ON LISE PLATON

Le christianisme s’est tellement reconnu dans le platonisme aussitôt qu’il l’a connu, qu’il lui a, en grande partie, emprunté sa métaphysique, ce qui a été son tort, à mon avis, et le christianisme pur, à mon sens, c’est le christianisme moins le judaïsme et moins la métaphysique platonicienne et débarrassé tant de ce fâcheux héritage que de cet encombrant et décevant appareil ; mais que le christianisme, voulant être philosophique, ait été droit à Platon pour se faire une philosophie générale et pour s’en parer et surcharger comme la vierge romaine accablée sous les bijoux, c’est au moins le signe d’une attraction singulière, pour ainsi parler, et d’affinités profondes et profondément senties.

On peut presque dire que dans la pensée de l’humanité le platonisme et le christianisme ont été et sont destinés à rester inséparables.

Le positivisme moderne, très hostile à Platon, en quelque sorte par définition, puisqu’il a, à l’endroit de la métaphysique, une invincible défiance, aurait tort de ne pas voir en Platon un homme qui, quoique n’étant pas un auxiliaire, est très éloigné d’être un ennemi. La pensée profonde du positivisme est que l’homme, égaré dans un canton de l’univers d’où il ne peut rien voir ni savoir du gouvernement de l’univers lui-même, doit se