Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/57

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qu’il convient même de respecter, car il est léger, ailé, sacré, et il y a quelque chose des daimones dans son affaire ; mais à qui il ne faut attribuer aucune importance dans la cité et qu’il faut prendre, tout compte fait, pour un enfant aimable, gracieux et insignifiant.

Mais il sied de reconnaître que, même quand Platon paraît ne point plaisanter le moins du monde, il parle des poètes soit avec un détachement qui ne semble pas loin du mépris, soit avec une animosité très peu dissimulée et très peu douteuse.

Dans Phèdre, à très peu près comme dans Ion, il appelle la poésie un délire et le poète une âme hors d’elle-même. Ailleurs il établit comme une hiérarchie qui part des dieux pour descendre jusqu’au plus bas degré des âmes humaines, et dans cette hiérarchie le premier rang après les Dieux est attribué, comme on peut s’y attendre, au philosophe, et le neuvième seulement aux poètes.

Ailleurs, faisant parler Socrate, et, pour ainsi dire, avec moins de fictions qu’ailleurs, puisque c’est dans l’Apologie, il lui fait dire, insistant sur le caractère d’inconscience, d’instinctivité, d’incapacité pour ce qui est de se rendre compte deux-mêmes, qu’il attribue toujours aux poètes « … J’al-