Page:Faguet - Propos littéraires, 2e série, 1904.djvu/9

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LA RÉVOLUTION LITTÉRAIRE DE 16C0 S gère le caprice des sons, rien ne marque plus nettement le sens très restreint et de bonsi^ns et de raison dans l’esprit de Boileau. L’un et l’autre veulent dire qu’il faut être maître de sa pensée, quand on écrit en vers aussi bien que lorsqu’on écrit en prose, et rien de plus.

Aimez donc la raison : que toujours vos écrits Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix. Juste conclusion du passage précédent, où certes il n"a été question ni de généralisation, ni d’abstraction, ni d’idéaux, ni de raison pure. Comment voulez-vous que je traduise, sinonainsi :« Point d’effets de style, point de jonglerie de rimes ; la substance du style, c’est la pensée. » La suite lo prouve mieux encore.

Car Boileau ajoute bien vite : « Point de recherc’ne de l’extraordinaire, point de fougue insensée. » Tout doit tendre au bon sens

La raison pour marcher n a souvent qu’une voie. Bon sens et raison donnés encore comme synonymes. Boileau paraît craindre qu’on ne prenne le mot raison « trop en philosophe » et il semble nous dire : « Vous savez, je prends raison au sens bourgeois ; raison, bon sens ; non pas sens pratique, mais tout bonnement équilibre d’esprit qui fait qu’on n’est pas un petit fou, ni un prétentieux, ni un baladin de la phrase, et qu’on écrit avant tout pour se faire en-