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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/106

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CHAPITRE III

ŒUVRES HISTORIQUES EN PROSE.

En histoire Voltaire conserve les tendances philosophiques qui lui sont ordinaires ; et s’il a voulu éliminer du monde le surnaturel, il a tenu aussi à écarter le surnaturel de l’histoire.

Ce qu’on a appelé depuis la philosophie de l’histoire venait d’être créé. Cela consiste à chercher les grandes lois qui président aux événements humains, à considérer l’histoire de l’homme sur la terre, non comme une succession de faits fortuits, mais comme un enchaînement de faits dérivant de grandes causes, et, par suite, à chercher ces causes et à les déterminer.

C’est Bossuet qui avait donné la première esquisse d’une philosophie de l’histoire, comme les plus grands historiens philosophes, les Vico, les Auguste Comte l’ont reconnu et proclamé. Or cette philosophie de l’histoire dans Bossuet a un caractère providentialiste. Ce que Bossuet veut montrer, c’est que l’histoire humaine est menée par Dieu conformément aux desseins qu’il a sur l’homme, vers un but que Dieu connaît, et Bossuet retrace la suite de ces desseins et indique le but, qui est la conquête de la terre entière par le christianisme. Pour Bossuet la philosophie de l’histoire, c’est l’intervention continue du surnaturel dans les grandes affaires de l’humanité.