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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/176

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Voltaire

DARMIN

Il est souvent trop confiant, trop bon ;
Et son humeur gâte encor sa franchise.

ADINE

De ses défauts le plus grand c’est Dorphise.

À un certain moment Dorphise, empêtrée dans ses intrigues, et craignant pour sa réputation, à la fois dépeint exactement son caractère, et donne la moralité de la comédie :

DORPHiSE

La folle[1] va me décrier partout.
Ah ! mon honneur, mon esprit, sont à bout.
À mes dépens les libertins vont rire.
Je vois Dorphise un plastron de satire ;
Mon nom, niché dans cent couplets malins,
Aux chansonniers va fournir de refrains.
Monsieur Blanfort craindra la médisance ;
L’autre futur[2] en va prendre vengeance.

Comment plâtrer ce scandale affligeant ?
 
Ah ! que de trouble et que d’inquiétude !

Qu’il faut souffrir quand on veut être prude !
Et que, sans craindre et sans affecter rien,
Il vaudrait mieux être femme de bien !
Allons ! un jour nous tâcherons de l’être.

COLETTE[3]

Allons ! tâchons du moins de le paraître,
C’est bien assez quand on fait ce qu’on peut.
N’est pas toujours femme de bien qui veut.

Si l’on tient à savoir le dénoûment, je dirai que, comme on s’y peut attendre, la coquette, qui était une

  1. Sa cousine, jeune éventée, qui est son contraste
  2. Elle s’est promise à deux soupirants.
  3. Servante de Dorphise.