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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/183

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nouvelles et contes en vers

Dit-elle, avec les beaux esprits,
Qui l’ont peint si doux et si sage. »
L’un d’eux lui dit : « Sur mon avis,
Vous pourriez vous tromper peut-être :
Macare n’est qu’en nos écrits.
Nous l’avons peint sans le connaître. »

Elle aborda près du Palais,
Ferma les yeux, et passa vite :
« Mon ami ne sera jamais
Dans cet abominable gîte ;
Au moins la cour a des attraits ;
Macare aurait pu s’y méprendre ;
Mais les noirs suivants de Thémis
Sont les éternels ennemis

De l’objet qui me rend si tendre. »
 
Enfin Thélème au désespoir,

Lasse de chercher sans rien voir,
Dans sa retraite alla se rendre.
Le premier objet qu’elle y vit
Fut Macare auprès de son lit,
Qui l’attendait pour la surprendre :
« Vivez avec moi désormais,
Dit-il, dans une douce paix.
Sans trop chercher, sans trop prétendre ;
Et si vous voulez posséder
Ma tendresse avec ma personne,
Gardez de jamais demander
Au delà de ce que je donne. »

Les gens de grec enfarinés
Connaîtront Macare et Thélème,
Et vous diront, sous cet emblème,
À quoi nous sommes destinés.
Macare, c’est toi qu’on désire ;
On t’aime, on te perd, et je croi
Que je t’ai rencontré chez moi ;
Mais je me garde de le dire :