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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/222

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Voltaire

leur donnant le mot d’ordre ou leur demandant des rapports sur l’état des affaires et de l’opinion. C’est d’Alembert, l’un des-consuls de l’Encyclopédie, cette armée de la philosophie où Voltaire combat en volontaire ; — Diderot, l’autre consul de la même armée, l’impétueux batailleur que Voltaire anime et plus souvent contient dans la mêlée ; — Duclos, plus sage et plus avisé, plus pur homme de lettres, que Voltaire estime tout particulièrement, et dont il apprécie le goût sûr et le sens droit ; — Helvétius, niais fougueux, que Voltaire n’aime guère et à qui il envoie quelques éloges, quelques conseils et beaucoup d’avertissements ; — Marmontel, son jeune favori, qu’il encourage et soutient, et qui lui doit une bonne part de sa fortune littéraire ; — Jean-Jacques Rousseau, avec qui Voltaire fut trop peu de temps en bons rapports et que, dans les commencements de sa carrière, il raille doucement encore, avec beaucoup d’esprit, d’amabilité et d’indulgence ; — Vauvenargues, son jeune ami, pour qui Voltaire eut une sympathie mêlée de respect, sentiment bien rare chez lui, et qui était mérité, écrivain délicat et moraliste touchant, dont Voltaire a pleuré la mort avec une sensibilité sincère et profonde.

À un degré inférieur viennent les simples hommes de lettres dont Voltaire se fait une petite cour et une garde du corps : l’abbé Asselin, l’abbé Aubert, Beauzée, de Bernis, Brossette, Chamfort tout jeune encore, Chaulieu, Condorcet plus tard si célèbre, La Faye, La Harpe son thuriféraire, plus tard converti, l’abbé d’Olivet, l’abbé Trublet, qu’il a tant raillé, avec qui il se réconcilie de la manière la plus fine, la plus gaie et la plus charmante ; des étrangers ; Lord Hervey, Horace Walpole, de Tovazzi, une foule innombrable d’autres.

À part il faut remarquer le groupe des amis de cœur,