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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/96

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CHAPITRE II

ŒUVRES HISTORIQUES EN VERS.

Quoi qu’il en soit, ce sont ces idées que Voltaire a exprimées en prose agréable, comme nous l’avons vu, et en vers souvent très beaux, comme nous l’allons voir. Ses idées philosophiques sont exposées dans le Dictionnaire philosophique ; dans l’Histoire de Jenni; dans d’autres contes encore ; et dans les Discours sur l’homme ; le poème sur la Loi naturelle et quelques épîtres. Ces derniers ouvrages sont en vers. Voltaire y définit ainsi l’Être suprême, ou plutôt laisse le choix, comme on va voir, entre plusieurs définitions différentes :

Soit qu’un être inconnu, par lui seul existant,
Ait tiré depuis peu l’univers du néant ;
Soit qu’il ait arrangé la matière éternelle ;
Qu’elle nage en son sein, ou qu’il règne loin d’elle ;
Que l’âme, ce flambeau souvent si ténébreux,
Ou soit un de nos sens, ou subsiste sans eux ;
Vous êtes sous la main de ce maître invisible.

Quel qu’il soit, il existe, et c’est ce dont il n’est pas loisible de douter, Voltaire n’est pas tendre pour ceux qui se le permettent. Il écrit à l’auteur du livre des Trois Imposteurs :

Insipide écrivain, qui crois à tes lecteurs
Crayonner le portrait de tes Trois imposteurs,