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Page:Fagus - Colloque sentimental entre Émile Zola et Fagus, 1898.djvu/64

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LI

« LA TERRE » : le paysan

— Terre ! éternelle Riche, avec ta chevelure
De végétaux crêpus et tordus sur ta peau,
Et tes foisonnements d’animaux, et troupeaux
De peuples t’emplissant, fourmillante fourrure,

Comment peux-tu souffrir la dévorante ordure
Te raviner, du parasite malfaisant,
Gale qui te perfore et mord : le Paysan,
Et déglutit à même ton flanc sa pâture !

— Le Paysan mangeur de terre est mon enfant
Plus que la bonne vache et plus que l’éléphant
Patriarche, et plus que l’herbe ou le ver de terre :

Lui, ne vit que pour moi ; pas même un végétal,
Mais une végétation héréditaire,
De la terre qui bouge et qui mâche, au total.


15 avril 1898.