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neur des vainqueurs olympiques n’ont point à craindre les traits de l’envie : telle est la faveur que les dieux accordent au génie et à la sagesse.

Fils d’Archestrate (2), je vais, pour célébrer ta victoire au pugilat, ajouter l’ornement de mes vers à ta couronne d’olivier (3), mille fois plus précieuse que l’or, et mes chants seront un nouveau témoignage de l’intérêt que je porte au peuple de la Locride.

Volez, Muses, volez vers la cité qu’il habite ; mêlez-vous à ses chœurs et à ses fêtes. Vous trouverez, j’en suis garant, un peuple hospitalier, sage, belliqueux et ami des arts. Vit-on jamais le lion intrépide (4) et le renard adroit dépouiller le caractère dont la nature les a doués ?

XII (1).

À ERGOTÈLE (2) D’HIMÈRE,

Vainqueur au dolichodrome (3).

Fille de Jupiter-Libérateur (4), Fortune (5) conservatrice des cités, accorde, je t’en conjure, la protection divine à la florissante Himère.

C’est toi qui fais voler sur les ondes les vaisseaux légers ; c’est toi qui présides aux combats sanglans et aux sages délibérations des mortels. Tu te joues de leurs espérances trompeuses : tantôt tu les portes au sommet de la roue, tantôt tu les en précipites.

Jamais aucun d’eux ne reçut des immortels un présage certain de son avenir : leur esprit, enveloppé de ténèbres, ne peut porter ses regards au delà du présent. Souvent des malheurs imprévus trompent leur attente et leurs désirs, tandis que d’autres, battus par la tempête, voient le bonheur tout à coup leur sourire, et leur destin changer en un instant.

Ainsi, toi-même, ô fils de Philanor ! si une sédition allumée parmi tes concitoyens ne t’eût pas arraché à Gnosse, ton ancienne patrie, réduit comme le coq belliqueux à des combats ignorés, tu aurais vu s’évanouir dans une honteuse inaction cette gloire que tu viens d’acquérir à la course.

Au lieu que maintenant, couronné à Olympie, deux fois vainqueur à Delphes et à l’Isthme, tu vas, ô Ergotèle ! rendre célèbres les bains chauds des Nymphes (6), près desquels tu as établi tes paisibles foyers.

XIII (1).

À XÉNOPHON DE CORINTHE (2),

Vainqueur à la course et au pentathle.

En célébrant une illustre famille trois fois victorieuse aux jeux olympiques, bienveillante pour ses concitoyens et officieuse envers ses hôtes, je redirai la gloire de l’heureuse Corinthe (3), vestibule de Neptune-Isthmien et féconde en jeunes héros. C’est dans ses murs qu’habite Eunomie avec ses sœurs, la Justice, ferme appui des cités, et la Paix, sa fidèle compagne. Ces trois célestes filles de Thémis aux conseils salutaires dispensent aux mortels la richesse et le bonheur, et écartent loin d’eux l’Insolence (4), mère audacieuse de la Satiété.

Une noble hardiesse délie ma langue, mon génie me fait sentir sa puissance irrésistible et m’inspire des chants sublimes en l’honneur de Corinthe. Mille fois, ô valeureux enfans d’Alétès (5) ! a rejailli sur vous l’éclat des triomphes que vos aïeux, athlètes indomptables, remportèrent à nos jeux solennels ! et les Heures (6), qui sèment les fleurs sur leurs traces, vous ont donné cette adresse admirable qui brille dans les chefs-d’œuvre sortis de vos mains. Tout inventeur a le droit de revendiquer son ouvrage. Ainsi, qu’on nous dise où naquit, sous l’inspiration des Grâces (7), le bruyant dithyrambe consacré à Bacchus ? qui donna de justes proportions aux rênes des coursiers ? qui plaça sur les temples des dieux (8) la double figure de l’oiseau de Jupiter ?

C’est dans Corinthe que fleurissent les Muses aux délicieux accords ; c’est là que Mars embrase une jeunesse intrépide de l’ardeur des combats.

Grand Jupiter, qui règnes en souverain dans Olympie, sois propice à mes chants ! mets à l’abri de tout danger le peuple de Corinthe et dirige toi-même la destinée de Xénophon au souffle de la prospérité. Daigne aussi agréer l’éloge solennel par lequel j’immortalise la couronne que, dans les champs de Pise, il mérita