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ISTHMIQUES.




DES JEUX ISTHMIQUES.

Les jeux isthmiques, ainsi nommés de l’isthme de Corinthe qui joint le Péloponèse au reste de la Grèce, se célébraient dans cet isthme, près d’un temple de Neptune et d’un bois de pins consacré à ce Dieu. Ils furent institués en l’honneur de Palœmon ou Mélicerte, fils d’Athamas, roi de Thèbes, et d’Ino, qui, pour échapper à la fureur de son mari, se précipita avec Mélicerte dans la mer, où Neptune les reçut au nombre des divinités. Le corps de Palœmon, porté par un dauphin jusque sur le rivage de Corinthe, fut recueilli par Sisyphe, roi de cette ville, qui lui rendit les devoirs funèbres et consacra des jeux à sa mémoire, environ 1350 ans avant Jésus-Christ.

Une autre tradition nous apprend que Thésée fut le fondateur de ces jeux qu’il consacra à Neptune. L’opinion la plus probable est que leur origine remonte à l’époque de Mélicerte, mais qu’ils reçurent en effet de Thésée une organisation nouvelle.

De tous les peuples de la Grèce, les Éléens seuls étaient exclus de cette solennité. Une formule d’imprécation des plus terribles leur en interdisait l’approche. Ces jeux se célébraient tous les trois ans, ou, selon d’autres, de cinq en cinq ans. Interrompus quelque temps par l’oppression violente que Cypsélus, roi de Corinthe, fit peser sur ses sujets, ils furent repris dans la suite avec plus de splendeur et de magnificence. Les désastres de Corinthe ne les interrompirent nullement ; en attendant que cette ville sortît de ses ruines, les habitans de Sicyone se chargèrent de leur célébration.

Des couronnes de pin et ensuite d’ache ou de persil flétri étaient le prix des vainqueurs ; on supprima par la suite le persil, et le pin reprit ses droits.

Les Romains, après leurs victoires, sous le consul Mummius, 144 ans avant Jésus-Christ, élevèrent la magnificence de ces jeux au plus haut degré de splendeur.

I

À HÉRODOTE, THÉBAIN

Thèbes au bouclier d’or, ô ma mère ! je quitte tout lorsqu’il s’agit de toi. Pardonne, pierreuse Délos, si je suspends les chants que je t’ai destinés ; les gens de bien ont-ils rien de plus cher, rien de plus vénérable que leurs parents ? Modère donc ton impatience, île chérie d’Apollon ; bientôt avec l’aide des dieux j’aurai accompli ma double promesse ; bientôt à la tête d’un chœur que formeront les habitans de la maritime Céos, je chanterai Phébus à la longue chevelure et l’isthme de Corinthe qui, semblable à une digue, s’élève fièrement au milieu des deux mers. Déjà l’isthme, dans ses jeux solennels, a ceint de six couronnes le front des enfans de Cadmus : leurs victoires ont étendu au loin la gloire de ma patrie, de cette illustre Thèbes, où Alcmène mit au monde ce fils intrépide, qui fit trembler jadis le chien terrible de Géryon.

Maintenant je vais célébrer la gloire d’Hérodote qui, sans le secours d’une main étrangère, a conduit à la victoire son char attelé de quatre coursiers agiles ; et pour que mes louanges lui soient plus honorables, je veux le chanter à l’égal de Castor et d’Iolas. Héros fameux, tous deux habiles à diriger un char rapide, ils firent également la gloire de Lacédémone et de Thèbes, leurs patries. Mille fois on les vit triompher aux jeux solennels de la Grèce et orner leurs demeures de trépieds, de vases et de coupes d’or, fruits délicieux de leurs victoires. Ce fut dans ces luttes glorieuses qu’ils firent admirer leur adresse et leur courage, tantôt nus au milieu de rudes combats, tantôt à la course, revêtus d’une pesante armure ou couverts d’un bouclier retentissant.

Avec quelle impétuosité leurs bras nerveux lançaient-ils le javelot rapide ou le disque de pierre ! Alors les cinq jeux n’étaient point réunis sous le nom de pentathle, un prix particulier récompensait chaque genre de combat. Que de couronnes de feuillage ombragèrent