Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/262

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danse au son du luth ; près d’elle, un jeune homme à la belle chevelure, à l’haleine parfumée, marie aux accords de la lyre les chants d’une voix mélodieuse. L’Amour aux cheveux dorés, le riant Bacchus et la belle Cythérée viennent se réjouir au banquet du dieu qui charme la vieillesse.


VII.

Sur l’amour

L’Amour me frappe rudement avec une branche d’hyacinthe et m’ordonne de le suivre. A travers les torrents rapides, à travers les bois et les précipices, je courais haletant de sueur ; mon âme errait sur les bords de mes lèvres : j’allais mourir. Mais l’Amour, agitant sur mon front ses ailes délicates, me dit : "Toi, tu ne peux aimer."


VIII.

Songe

Pendant la nuit, je dormais sur des tapis de pourpre, et Bacchus égayait mon sommeil. Il me semblait m’élancer d’une course rapide sur la pointe des pieds et folâtrer avec de jeunes filles ; mais des adolescents plus frais que Bacchus, me voyant au milieu de ces belles, me poursuivaient par de cruelles railleries. Je voulais alors leur faire de douces caresses, mais ils m’échappèrent tous avec le sommeil. Resté seul, pauvre malheureux, je cherchais inutilement à m’endormir de nouveau.


IX.

Sur une colombe

« Aimable colombe, d’où viens-tu ? D’où naissent les suaves parfums que tu exhales en traversant les airs ? Qui es-tu ? Quel soin t’occupe donc en cet instant ?

— Anacréon m’a envoyée vers un enfant, vers Bathylle, qui règne aujourd’hui en tyran sur tous les cœurs. Cythérée m’a vendue au poète pour une petite chanson. Messagère fidèle, je sers ses amours, et maintenant, quelles douces lettres je porte de sa part ! Il dit qu’il va bientôt me rendre la liberté ; mais dût-il me la donner, moi je veux rester esclave auprès de lui, car quel plaisir aurais-je à voler dans les montagnes, sur les plaines, à me reposer sur les arbres, à manger quelques graines sauvages ! À présent je me nourris du pain que j’enlève aux mains d’Anacréon lui-même ; il me donne à boire du vin qu’il a goûté ; puis je danse, et de mes ailes j’ombrage mon maître. Je me couche et je m’endors sur sa lyre. Tu sais tout ; adieu, voyageur ! Tu m’as fait jaser plus qu’une corneille. »


X.

Sur un amour en cire

Un jeune homme vendait un amour en cire ; je m’approche : « Combien veux-tu, lui dis-je, me vendre cet ouvrage de ta main ? » Il me répond en langage dorique : « Prends-le pour ce que tu voudras, car, je vais te l’avouer, je ne suis pas un ouvrier en cire, mais je ne veux pas habiter avec l’Amour, cet hôte, insatiable.

— Donne-moi donc, donne-le-moi, pour une drachme, ce charmant compagnon de lit. Et toi, Amour, embrase-moi bien vite, sinon je te ferai fondre dans la flamme. »


XI.

Sur lui-même

Les femmes disent : « Anacréon, tu es vieux ; prends un miroir et regarde : tu n’as plus de cheveux, ton front est chauve. »

Pour moi, si mes cheveux me restent encore ou sont tombés, je l’ignore ; ce que je sais bien, c’est qu’il sied d’autant mieux à un vieillard de jouer avec les amours et les ris qu’il est plus près de la tombe.


XII.

Sur une hirondelle

Quelle punition veux-tu que je t’inflige, babillarde hirondelle ? Veux-tu que je te coupe tes ailes rapides ? Ou bien faut-il, comme le fit Térée, que je t’arrache la langue ? Pourquoi ton babil matinal m’a-t-il enlevé mon doux songe et Bathylle ?


XIII.

Sur lui-même

On dit qu’Atys, mugissant sur les montagnes,