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HYMNES[1].


I.

LE PARFUM DE LA DÉESSE QUI VEILLE AUX PORTES.

Le Styrax.

Écoute mes chants, ô vénérable déesse, toi qui protèges les couches des femmes, toi qui aimes les mystères de la génération ; protectrice du sexe féminin, déesse qui présides aux noces, salut. Tu es douce, tu es bonne, tu es agréable pour tous les hommes. Tu habites les édifices de tous les mortels et tu fréquentes leurs festins. Tu es invincible, mais tu veilles toujours à tous les enfantemens. Tu prends pitié de ceux qui sont difficiles et tu te réjouis de ceux qui se multiplient. C’est toi qu’invoquent les femmes enceintes, toi qui peux apporter un allégement à leurs souffrances, car c’est toi qui toujours veilles sur la partie de la femme où cesse le sein. O Artemise bienveillante, de qui dépendent les heureuses délivrances, accorde-moi une agréable progéniture, préside aux douleurs des femmes qui accouchent, et conserve-les comme les conserve Junon, l’excellente protectrice.

II.

LE PARFUM DE LA NUIT.

Je t’invoque, ô déesse qui engendres les dieux et les hommes. La nuit est le principe de toutes choses. Écoute-moi, grande déesse, tour à tour voilée d’obscurité ou couverte d’un brillant manteau d’étoiles. Tu aimes les lieux habités par le sommeil silencieux et par l’agréable paresse ; bonne déesse qui te plais aux festins, la mère des songes, ennemis de toutes les inquiétudes, et du repos, la plus tranquille de toutes les choses. Amie de tous, précédée du crépuscule, tu habites tour à tour la terre et le ciel ; tu viens du Tartare et tu retournes à l’Orcus en chassant devant toi la lumière, car les lois éternelles des choses t’y contraignent irrévocablement. Sois présente à nos chants, ô vénérable déesse aimée de tous, écoute les humbles prières de ceux qui te supplient ; déesse, viens à nous en fuyant les images incertaines du crépuscule.

III.

PARFUM D’OURANOS.

L’Encens.

Ouranos, père de toutes choses, partie éternellement agissante du monde, principe et fin de tout l’univers, toi qui fais rouler la terre dans des cercles immenses, demeure des immortels qui tournes en tourbillonnant dans les sphères infinies, dieu céleste et terrestre qui gardes et qui voiles toutes choses, qui résumes en toi seul toutes les lois éternelles de la nature, père éternel, puissant, indomptable, changeant toujours de forme, protecteur universel, créateur de Saturne, le plus grand des dieux, viens à mes prières et accorde la vie au jeune enfant qui sert les mystères.

IV.

PARFUM DE L’ÉTHER.

Le Safran.

Flamme sacrée, qui veilles éternellement dans les palais élevés de Jupiter, portion toute-puissante des étoiles, du soleil et de la lune, Éther dominateur de toutes choses, ardeur vivante de tout ce qui respire, toi qui règnes dans les hauteurs azurées, noble élément du monde, fleur flamboyante, rayon radieux, je te supplie avec prière d’être pour moi innocent et tempéré.

V.

PARFUM DU PRIMIGENIUS (DU PREMIER ÉLÉMENT GÉNÉRATEUR.)

La Myrrhe.

Je t’invoque grand couple primigène, toi

  1. Les hymnes d’Orphée sont plutôt des prières que des œuvres de poésie : il est probable qu’elles se chantaient dans les mystères sacrés et qu’on présentait en même temps le parfum qui s’adressait à chaque divinité.