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jours heureux ou néfastes. Properce a dit (liv. 2, élég. 26) :

Quæritis et cœlo Phœnicum inventa sereno
   Quæ sit stella homini commoda, quæque mala.

Les Grecs, au rapport de Proclus, regardaient comme propices ou contraires à leurs entreprises non-seulement les jours tout entiers, mais encore les différentes parties de la journée. Proclus ajoute que, par exemple, ils consacraient l’avant-midi aux dieux et l’après-midi aux héros. Nous ne nous étendrons point sur l’importance qu’ils attachaient à la distinction des divers jours, parce que, suivant Hésiode lui-même, peu d’entre eux en savaient la raison. Ces puériles superstitions faisaient partie de leurs croyances nationales et se transmettaient des pères aux enfans, comme il arrive assez souvent chez les peuples modernes les plus avancés dans les voies de la civilisation, tant l’homme éprouve le besoin impérieux de croire, même à des choses futiles et absurdes !

35. Hésiode termine ici ses préceptes sur l’indication des bons et des mauvais jours ; il ajoute que les autres sont indifférens et que chacun les loue diversement suivant son caprice, parce que, selon Tzetzès, Orphée et Mélampus en avaient vanté d’autres.

La maxime qui couronne le poëme rachète par sa sagesse et par sa piété ce que toutes ces superstitions offrent de puéril et de ridicule. Après tout, de pareilles superstitions n’occupent que peu de place dans les Travaux et les Jours, dont l’ensemble présente une collection précieuse de préceptes utiles aux travaux de la campagne, à l’exercice de la religion et à la culture de la morale.


Notes sur Le Bouclier d’Hercule

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1. Hermésianax de Colophon voyait dans le mot êoiê le nom d’une amante d’Hésiode que le poëte avait voulu immortaliser : cette hypothèse n’est guère vraisemblable. Nous n’avons pas besoin non plus de réfuter l’opinion de ces critiques qui veulent, comme Guiet et Robinson, que ce mot signifie matinale ou elle seule. Peut-être, comme le suppose Heinrich, le poëte s’adressait-il à sa Muse en ces termes : « Muse ! dis-moi quelle fut cette héroïne ou quelle fut cette autre (ê oiê aut qualis). » Leclerc pense qu’Alcmène pouvait être comparée ici à quelque déesse, comme dans l’Odyssée (ch. 6, v. 102) Nausicaa est comparée à Diane. On peut se livrer à de nombreuses conjectures toutes les fois qu’on manque, comme dans cette circonstance, de preuves solides et d’argumens authentiques. L’opinion qui nous semble le moins s’éloigner de la vérité est celle qui rattache ce début au poëme des Megalai êoiai. Nous pensons donc que cette formule ê oiê établissait un terme de comparaison entre les diverses héroïnes chantées par le poëte et servait de transition pour passer de l’éloge de l’une à celui de l’autre.

Hésiode dit qu’Alcmène quitta sa patrie, c’est-à-dire Mycène, que son père Électryon possédait avec Tirynthe et Midée. Alcmène est appelée Mideatis Héroina dans Théocrite (13, 20 et 24, v. 1).

2. Le nom d’Alcmène était célèbre dans l’antiquité grecque : il est parlé d’Alcmène dans l’Iliade (ch. 14, 323, et ch. 19, v. 99) et dans l’Odyssée (ch. 2, v. 120, et ch. 11, v. 266) ; ce dernier poëme contient (ch. 11, v. 224) une récapitulation des femmes dont la gloire s’était le plus répandue. Les femmes des âges héroïques n’étaient pas, comme elles le furent dans la suite, séparées du commerce des hommes ; elles avaient des occasions de signaler leurs vertus : leurs mariages avec les héros et leurs amours avec les dieux servaient encore à augmenter leur renommée. Il y eut donc avant Hésiode des chantres et des rhapsodes qui célébrèrent les héroïnes de l’antiquité, comme après lui on vit paraître l’auteur du poëme intitulé ta Naupactica et Pisandre de Camire, qui composa le poëme appelé Héroicai Théogamiai.

Alcmène était fille d’Électryon et d’Anaxo, suivant Apollodore (liv. 2, c. 4, § 5) ; sa mère était, d’après Plutarque (Vie de Thésée, c. 7), Lysidice, fille de Pélops. Pausanias rapporte (Élide, c. 17) que le poëte Asius disait qu’Alcmène était née d’Amphiaraüs et d’Ériphyle. Ce même auteur raconte que Jupiter emprunta la figure d’Amphitryon pour avoir commerce avec elle ; qu’après sa mort elle fut changée en pierre ; qu’on voyait son lit à Thèbes parmi les ruines d’une maison ; que son tombeau existait à Mégare près de l’Olympiéum ; et qu’elle avait un autel dans le temple d’Hercule à Athènes. Toutes ces traditions ont pu être consignées dans le poëme d’Hésiode, dont le temps n’a respecté que le morceau relatif à l’union d’Alcmène avec Jupiter. Homère et Hésiode sont les