Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/157

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cas de paralysie alcoolique. J’en cite, à la fin de ce travail, trois exemples qui me semblent plus propres à faire ressortir les analogies et les différences que toutes les réflexions auxquelles je pourrais me livrer. Lorsqu’on a parcouru d’ailleurs les nombreuses observations consignées par le Dr Huss, on est facilement convaincu des analogies qui existent entre ces paralysies et la paralysie des aliénés, surtout au début. Je me bornerai à faire ici un tableau abrégé de la série des accidents paralytiques qui peuvent survenir à la suite d’un long abus des boissons alcooliques, tel qu’il résulte pour moi de la lecture de l’ouvrage du Dr Huss, et de mes propres observations.

Le premier phénomène qui se produit habituellement chez ceux qui ont longtemps abusé de l’alcool, c’est le tremblement des mains et des bras, tremblement ordinairement plus manifeste le matin que le soir, plus saillant aussi après des excès nombreux, ou bien également après une privation de quelques jours du stimulant auquel l’organisme est habitué, chose d’ailleurs constatée par tous les observateurs. Pendant longtemps, ce tremblement, plus ou moins prononcé selon les instants, est le seul symptôme produit par l’abus des liqueurs alcooliques ; il est, en effet, beaucoup d’ivrognes qui ne vont pas plus loin dans la série des accidents nerveux. Le plus souvent cependant, il survient aussi chez eux des céphalalgies, des pesanteurs de tête, des vertiges et des éblouissements, qui obscurcissent de temps en temps la vue des malades, et les obligent même à s’appuyer sur un objet voisin, pour se prémunir contre une chute qui leur paraît imminente ; ils éprouvent également quelquefois des bourdonnements d’oreille. Chez quelques-uns, enfin, on voit aussi se produire, dès cette époque, des troubles dans les fonctions du canal digestif, de la diminution dans l’appétit, des aigreurs, enfin des vomissements muqueux et blanchâtres assez abondants, surtout le matin. Ce degré de l’alcoolisme, désigné par le Dr Huss sous le nom de forme prodromique, peut exister seul pendant longtemps ; mais chez quelques individus, les excès venant à continuer ou même à augmenter, on voit survenir les premiers phénomènes appartenant à la forme de l’intoxication alcoolique réellement paralytique, ainsi que l’appelle le Dr Huss. Alors il se produit des fourmillements dans les membres inférieurs et supérieurs (phénomène très fréquent), des engourdissements dans les doigts et les orteils, des