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Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/244

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nique, lorsqu’il existe de la démence, et que l’affaiblissement des mouvements s’est généralisé, peuvent facilement induire en erreur. On rencontre toujours quelques faits de cette espèce dans les asiles d’aliénés, et plusieurs médecins distingués, M. Baillarger entre autres, pensent qu’ils doivent être réunis à la paralysie des aliénés, parce qu’ils offrent un affaiblissement général des mouvements, uni à une faiblesse également générale de l’intelligence. Pour nous, nous pensons au contraire qu’ils en diffèrent par leurs symptômes physiques, par la nature du trouble de l’intelligence, par leur marche, ainsi que par leurs lésions anatomiques. En général, dans ces cas, il y a prédominance très marquée de la paralysie dans un côté du corps ; l’embarras de la parole est ordinairement très prononcé ; le trouble de l’intelligence consiste dans un simple affaiblissement des facultés, sans délire bien marqué, et l’on ne constate pas les conceptions délirantes variées, ni surtout les idées de grandeurs, qui sont si fréquentes dans la paralysie véritable des aliénés. La marche de la maladie est beaucoup plus uniforme et plus lente, offre moins d’irrégularités dans son cours, moins d’alternatives de paroxysmes d’agitation et de rémissions notables. Enfin, à l’autopsie, on constate, dans la substance même du cerveau, des traces évidentes d’hémorragies cérébrales anciennes, et si l’on rencontre parfois de l’opacité dans les méninges et de la sérosité à la surface des circonvolutions, on ne trouve pas le ramollissement caractéristique de la substance corticale.

Les mêmes réflexions s’appliquent à certains ramollissements chroniques du cerveau qui peuvent aussi simuler la paralysie des aliénés, mais qu’on parvient également à distinguer, à l’aide des signes différentiels précédemment indiqués. Il y a habituellement hémiplégie très marquée, troubles des sens, douleurs dans les membres, contractures, etc., céphalalgie et vomissements fréquents. On n’observe ni dans la marche de la maladie, ni dans le délire, les phénomènes que nous avons indiqués comme appartenant à la paralysie des aliénés. Enfin, à l’autopsie, on trouve les lésions du ramollissement du cerveau et non celles de la folie paralytique. Si l’on persistait à vouloir confondre ces ramollissements chroniques du cerveau avec cette maladie, on introduirait dans sa description des éléments étrangers, qui lui enlèveraient ses caractères spéciaux et détruiraient ainsi dans leurs fondements les propositions les plus