Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Delasiauve, par exemple[1], pense que « des symptômes maniaques ont d’autant plus de chances de se produire, que les accès épileptiques sont plus rapprochés, plus multipliés, plus intenses, et qu’ils reconnaissent une origine plus ancienne ».

Morel, au contraire[2] s’exprime ainsi : « J’ai remarqué que les accès épileptiques étaient compliqués d’une exaltation d’autant plus grande, que ces accès étaient plus éloignés et que l’individu jouissait, dans les intervalles, d’une raison parfaite ». Puis Morel[3] déclare adopter également l’opinion du Dr Cavalier, relativement à l’influence plus grande des accès avortés d’épilepsie pour la production du délire.

Ces opinions, qui paraissent contradictoires, nous semblent pouvoir se résumer dans la proposition suivante :

Le délire se produit surtout à la suite d’attaques épileptiques répétées, à intervalles rapprochés, après une longue suspension de la maladie.

Telles sont les considérations générales que nous avons cru devoir présenter sur la marche du délire épileptique. Pour terminer notre travail, il nous reste maintenant à faire ressortir les conséquences que peut avoir l’étude de ce délire spécial et de ses variétés de marche pour la pathologie mentale et la médecine légale des aliénés.


TROISIÈME PARTIE

Conséquences de l’étude du délire épileptique pour la pathologie mentale
et la médecine légale des aliénés
.

Dans l’état actuel de la science, quand on fixe son attention sur les rapports de l’épilepsie et de la folie, on se contente ordinairement de constater que ces deux affections se compliquent fréquemment l’une l’autre ; tantôt alors on subordonne la folie à l’épilepsie, tantôt au contraire c’est l’affection convulsive que l’on subordonne à l’affection mentale. Dans cette direction de la science, on arrive facilement

  1. Delasiauve, p. 151.
  2. Morel, Études cliniques, t. II, p. 319.
  3. Morel, p. 320.