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l’amour muet.

On en apporta une grande cruche. Le chevalier, qui étoit de bonne humeur, commença à boire joyeusement avec son hôte, puis se mit à parler de ses prouesses dans la guerre contre les Vénitiens. Son récit l’échauffa jusqu’à l’enthousiasme ; il renversa les bouteilles et les verres, agita le couteau à découper, en guise de lame, et rasa de si près le nez et les oreilles de son hôte, que celui-ci eut peur de les perdre dans l’action.

La nuit avançoit, et le chevalier ne manifestoit pas du tout l’envie de dormir. Il étoit dans son véritable élément, quand il parloit de la guerre contre les Vénitiens. La vivacité de la narration augmentoit à chaque verre qu’il vidoit ; François craignit que ce ne fût le prologue de la tragédie où lui-même devoit jouer le premier rôle.