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Page:Fargèze - Mémoires amoureux, 1980.djvu/257

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Communards se déroulait. Pour la seconde fois Paris était bloqué. Des échos de ce qui révolutionnait la capitale nous arrivaient, déformés en passant par Versailles. Avril s’effeuilla jour après jour, et je ne me risquai plus à former des projets. La sanglante guerre civile était aussi résolue d’un côté qu’impitoyable de l’autre. Je finis par me résigner, à l’exemple des centaines de Parisiens qui, réfugiés dans le pays, encombraient les hôtels où ils organisaient des concerts et des bals au profit des veuves et des orphelins.

Et puis, un printemps tout en soleil nous faisait prendre patience, et j’en goûtais les verdoyants décors. Je me grisais de renouveau. Je me livrais à la promenade sur les rives de la Saône. Je cueillais des violettes et des primevères ; je chantais, je sifflais. Ah ! poète, poète ! Je ne m’ennuyais point de Paris, et j’en fais l’aveu. Mais je dois avouer aussi, et c’est bien le moins, que depuis le 25 mars le profond lit de Louisette s’ouvrait pour moi chaque après-midi.