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PARIS AU TEMPS DES VALSES

Il est commun de s’attendrir sur Montmartre et sur Montparnasse. Ces deux quartiers complètent Paris comme un coup de peigne achève le fini d’un type vêtu comme il lui sied. Supprimez-les, et vous aurez l’impression d’avoir sous les yeux quelque chose d’aussi neuf et d’aussi inconnu qu’un homme sans cravate. Il n’est pas un vieux Parisien qui n’y ait au moins un souvenir charmant rattaché au cœur par quelque inscription, quelque lettre d’amour, quelque nuit de bombe dans ces coins de poésie. Nous y montions, ou nous y descendions naguère avec des préfets en vadrouille, des petites femmes de Fabiano ou de Préjelan, serrées dans des corsets « Le Tango », filles de Mesdames La Chaise, tantôt avec Capus, Lajeunesse ou Rouzier-Dorcières, tantôt avec Monna Delza, Andrée Pascal, Régine Flory, Lucienne Guett et Mlle Vareska, que Premet habillait de façon mirifique. Et souvent avec « des cocodès, des crevés, des gommeux, des copurchics », que suivaient des « dégrafées », des « frôleuses » et des péripatéticiennes telles qu’une Yolande de la Bégude ou une Marcelle de Saint-Figne, toujours ravissantes, stupides et parfaitement renseignées sur le pouvoir de tel ministre ou le crédit bancaire