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Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/182

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sant valser des préfets, simplement pour se donner de grands airs. Il fallait être péremptoire et renseignée sur tout. Une vraie Parisienne de 1900 ne devait pas hésiter à donner son avis en trois mots, aussitôt fameux, sur une pièce, une guerre, un cheval, un opéra, un mariage princier, une grève, ou quelque arrivée de Tsar. En un mot comme en mille, les Parisiennes étaient des Pythies.

Mais à côté de ces sorcières délicieuses, de ces biches qui firent couler des larmes et du sang, de ces marquises de cabinets particuliers, toutes unies par un sens inné de la grandeur, une distinction naturelle, et un esprit qui empruntait l’exhibitionnisme quand il n’arrivait pas à se manifester par la conversation, à côté des déesses de la galanterie, et galantes surtout parce qu’elles étaient parisiennes, il en est d’autres, plus sages, plus réservées et plus pures. Échappées des romans d’Hervieu, d’Hermant ou de Bourget, des contes d’Henri de Régnier, des pièces de Donnay et de Capus, des nouvelles de Maupassant, épouses de magistrats, de ministres, connues pour leur salon, leur pouvoir mondain, leur situation bancaire ou officielle, il y eut des Parisiennes qui brillèrent surtout par l’esprit ou l’influence.

C’est l’avenue après le boulevard. Celles qui tenaient salon furent aussi connues que celles qui fréquentaient les restaurants, aussi courtisées. Enfin, il y eut encore des Parisiennes effacées qu’aucun diamant ne signale à l’histoire,