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Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/187

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copiait nos robes et accumulait les modèles. Bien entendu, je gardai ces renseignements pour moi et ne révélai jamais à son adorateur d’un jour qu’il n’y a, hélas ! plus guère de vraies Parisiennes !

De nombreuses dames, Parisiennes d’hier et jeunes filles d’aujourd’hui, avaient bien voulu m’écrire, à la suite de je ne sais plus quel article où je parlais de la disparition progressive des grandes dames et des nobles filles d’autrefois. Quelques-unes prétendaient que « l’écran » serait à même de créer de nos jours des types aussi célèbres et ravissants que ceux qui firent notre admiration, quand les dessous des femmes bruissaient dans nos imaginations de collégiens. On me laissera d’abord répondre que le cinéma crée avant tout des stars de réputation « mondiale » et d’une beauté nouvelle, et qui si elles remplacent, pour les jeunes générations, les Parisiennes d’avant la guerre, ne les font pas toutefois oublier à ceux qui les ont connues et aimées.

Pour expliquer le charme particulier qui se dégageait de ces Parisiennes et dont elles semblaient se pénétrer, Émile Goudeau avait inventé sa fameuse Fleur de Bitume, qui ne pouvait s’épanouir qu’à Paris. Cette fleur unique au monde, Roqueplan l’appelait autrefois la Parisine. Or, cette espèce s’est perdue dans le tumulte des banques, salles d’actualités et dé-