Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/67

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terait que très peu d’éléments nettement parisiens. On la reconduisit à l’angle de la rue des Écoles et du boulevard Saint-Michel, où elle vit encore dans l’atmosphère de cris et de galopades du Quartier Latin. Beaucoup de Parisiens font le même raisonnement. Passy-Auteuil est « trop loin, trop calme, trop nouveau… »

J’ai habité Passy autrefois, du temps que j’allais au lycée Janson. Mes parents avaient un appartement rue Gustave-Courbet. À cette époque, l’avenue qui va du Trocadéro au Rond-Point de Longchamp était presque toute en terrains vagues, souvent dépourvus de palissades, et l’on y pouvait apercevoir des veines géologiques avec leurs fossiles. L’avenue Victor-Hugo d’aujourd’hui s’appelait alors l’avenue d’Eylau. Ce changement de nom n’a guère été suivi d’un changement d’aspect. La même et grande pâtisserie souffle toujours son haleine tiède au coin de la rue de la Pompe, accueillante aux dames bien nées qui se restaurent de crème fouettée ou de parmesanes, avant ou après l’adultère rapide de notre temps. La maison Thominet, si bien pourvue en boîtes de couleurs, en pinceliers, en balais divers, en râpes, en insecticides, en peaux de chat, existe toujours, très digne. Il y a bien, en plus, quelque deux ou trois bijoutiers et poissonniers qui n’ont rien apporté de nouveau à ce quartier pour rentiers. Mais il n’y manque vraiment que l’hôtel de Victor Hugo, le petit hôtel à deux étages, coiffé de son toit plat.

La rue de Passy, elle, a passé par les studios