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Page:Fargue - Le Piéton de Paris, 1939.djvu/9

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PAR AILLEURS

Souvent, je vois entrer dans ma chambre, encore éventée de ces lueurs spectrales et de ces grappes de tonnerres qu’échevèlent dans Paris les camions des Halles, je vois entrer, et pas plus tard qu’hier, quelque camarade ou quelque collègue, journaliste ou poète, qui me demande, qui me somme parfois de lui donner quelques lumières sur ma façon de travailler. Singulière question. Du moins, pour moi. Pour cet homme encore errant parmi les draps et les songes, étayé de fantômes, jouant à saute-mouton avec des vies antérieures, que je suis au matin. Ma méthode de travail ? Quelle serait-elle ? Et d’abord, en aurais-je une ? Serais-je l’esclave de quelque discipline régulière ? Serait-il vrai que je retrouve, pour sortir de la forêt, toujours le même sentier, que mes pas se posent sur les mêmes feuilles ?

La question me redescend vers le rêve. Je comprend qu’elle contienne, pour certains, certaines doses d’intérêt. Ne sommes-nous pas, nous autres gens de méditations, de ruminations et d’encre, semblables aux prestidigitateurs