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Page:Farley - Jean-Paul, 1929.djvu/103

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IL FAUT AIMER OU HAÏR

bruit chez les parents de Robert, et bien des questions s’étaient agitées autour de cet épisode. Or, lui avait expliqué à sa mère que le désordre provenait de ses confrères de collège. S’il ne réussissait pas dans ses études, c’était la faute des autres. S’il n’avait jamais son excellence, cela dépendait de ses compagnons qui se conduisaient mal, et ensuite tout passait sur son dos. Il fit tant et si bien que sa mère, trop crédule, décida de le garder à la maison, sauf pour les classes. Un médecin, ami de la famille, fournit un certificat, et Robert devint externe.

Chaque fois que Gaston voulait lui parler et avoir des explications, ce n’était jamais le temps : il était, ce jour-là, très pressé. Gaston eut l’idée d’aller chez Robert ; mais ce dernier l’en dissuada, parce que, dit-il, sa mère avait appris des choses… et puis ça ne ferait pas…

Un incident de classe devait provoquer un dénouement à cette affaire embrouillée. Le Père Lavigne, qui expliquait alors « Le Misanthrope » de Molière, avait donné pour sujet de composition : « Lequel préféreriez-vous comme ami, Alceste ou Philinte ? » Selon l’usage, le professeur rendait compte des compositions le lundi matin. Ces jours-là sont toujours des moments de fièvre et d’anxiété chez les écoliers. Un lundi de décembre donc, les élèves avaient jeté un coup d’œil sur la pile de cahiers, au coin du bureau, et attendaient impatiemment l’appréciation de leur