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Page:Farley - Jean-Paul, 1929.djvu/125

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LE DIABLE AU DORTOIR

vaudrait mieux le remettre à ses parents. On vota. Il n’y eut dans l’urne que des billes noires. Le Père Supérieur déclara Gaston Gervais renvoyé du Collège.

Il attendit cependant que les élèves fussent montés en classe, pour communiquer la sentence à l’intéressé. Elle le frappa comme un coup de massue. Ce malheureux enfant ne s’imaginait pas qu’on pût le mettre à la porte. Ses fredaines les plus détestables avaient toujours paru à ses yeux de simples légèretés, des drôleries. Les avertissements qu’on lui avait maintes fois donnés, il s’en était moqué. Son succès lui paraissait d’autant plus grand qu’il avait plus agacé les professeurs. Quelle surprise maintenant de se voir chassé ! Il crut, un instant, qu’on voulait lui faire peur ; alors il se confondit en excuses, esquissa de grandes promesses.

Trop tard ! Le Père Supérieur lui répondit que le Conseil avait réglé le cas, et que lui-même n’était plus libre de changer la sentence. La réalité tragique se montra donc clairement à l’esprit de l’infortuné. La mort dans l’âme, le courage en déroute, il dut se rendre au dortoir pour faire ses malles, pendant que les autorités de la maison avertissaient ses parents par téléphone.

Quand les membres du Conseil retournèrent à leur chambre, le Père Fontaine, qui se trouvait au palier du troisième étage, resta fort surpris : « Qu’est-ce donc qui se passe ? » demanda-t-il au