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TOUTE SON ÂME

épouse que j’adore. Dans mon bureau privé, je travaille encore ; j’écris des articles pour les revues ; j’écris même des livres, car je suis écrivain, poète, romancier. Je publie des ouvrages passionnés, vibrants de l’amour de la race, des ouvrages canadiens, des ouvrages qui rendent de grands services au pays. Je suis aussi un grand politique, député ou sénateur et beaucoup d’autres choses encore… Mais, sur ce temps, je ne m’arrêterai plus. En un mot, je voudrais être utile à ma patrie, heureux, célèbre, envié.

J’ai mon ami Gaston qui caresse un pareil idéal. Grâce à nos ambitions identiques, je vois notre amitié croître, se faire plus douce et plus expansive. Dans le secret, nous nous communiquons nos rêves et nos joies futures ; et quand l’indiscrétion d’intrus vient rompre nos entretiens, nous nous comprenons sans parler, parce que nous vivons bercés du même espoir.

NEUF SEPTEMBRE. — Les jours s’enfuient rapidement, trop vite même pour le bonheur qui m’enchante de ce temps-ci. J’ai retrouvé un peu de calme et de paix intérieure, surtout depuis le commencement de la retraite que je fais de mon mieux, malgré mes distractions nombreuses. Sans doute le prédicateur a réveillé dans mon âme bien des souvenirs qui m’attristent. À certains moments, il y a comme un reflux du passé qui monte en mon cœur, le submerge, l’engloutit presque. Malgré cela, un sentiment de confiance m’assure que ce n’est pas le naufrage, que je retrouverai le port espéré. Dieu entendra ma prière : Vous, mon Dieu qui connaissez si bien les replis de mon être, vous si bon, si puissant, vous comprenez que les offenses que je vous ai