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JEAN-PAUL

teurs préfèrent une température plutôt rude, pour accomplir leurs héroïques randonnées.

Roland Barrette, — on devait s’y attendre, — organisait la partie. Il avait d’abord eu soin de s’assurer la compagnie d’un professeur. Quand tous eurent chaussé la raquette, endossé un gros chandail de laine et coiffé la « tuque » munie d’un gland qui scande le pas, le bataillon prit le chemin de la rivière. L’itinéraire : contourner la cour, passer sous le pont du « Canadien National » et se rendre jusqu’au bois chez Bazinet, terme de l’excursion. Les plus fervents y allèrent d’abord à perdre haleine, mais le professeur donna ordre de se tenir ensemble. Alors on se mit à faire des détours, des méandres capricieux, à se donner des jambettes, à se lancer de la neige. Par moments, on n’apercevait plus qu’un tourbillon, une « poudrerie » qui enveloppait toute la troupe. Enfin le calme se rétablit, et tous, prenant l’allure traditionnelle des coureurs de bois, s’élancèrent comme ils dirent, « à la découverte du pôle Nord. » Barrette battait la marche, et les autres suivaient en triangle, semblables à une volée d’outardes au blanc plumage. Seule la soutane noire du maître, au centre, jetait dans cette traînée claire, une note plus grave.

On atteignit le bois chez Bazinet où l’on prit un instant de repos, oh ! d’un repos mitigé pour quelques-uns. Ayant découvert une jolie pente rapide, ils ne pouvaient manquer d’y prendre