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UN NOUVEL HORIZON

apprendre à lutter. L’A. C. J. C., c’est une école de lutte, une école de patriotisme. »

Jean-Paul écoutait, avec attention d’abord et ensuite avec enthousiasme. Lui qui, un instant auparavant, paraissait réclamer des raisons et des preuves, en fournissait maintenant. La conversation ne fut bientôt, entre les deux amis, qu’une cantate à la patrie. Ensemble ils ébauchaient un grand rêve : ils voyaient, dans un avenir prochain, un homme se lever au sein de notre peuple, tribun de génie parlant avec art, mais surtout incarnant l’idéal de la nation. Alors ce serait un réveil général, un renouveau complet. Tous les pays du monde nous regarderaient avec admiration ; les journaux, les parlements, nous citeraient comme un exemple des peuples prospères qui tirent leur grandeur du catholicisme.

Cet hymne, ils le chantaient sur la route éclatante de blancheur. De chaque côté, sur les talus de la rive, les arbres chargés de givre étincelaient sous le soleil. On aurait dit des lustres suspendus dans un temple. Une gaine de cristal enveloppait chaque branche, comme si un faisceau de rayons lumineux s’y était figé. La lumière se jouait à travers la fine glace qui reluisait, semblable à des chapelets de perles et de diamants.

Les deux causeurs s’arrêtèrent soudain devant l’éclat de la nature. La splendeur du Canada paraissait se révéler dans cette richesse. Ils étaient rendus au Petit-Bois, quand Roland,