se produire. L’allure du Père Supérieur, la gravité de son regard et de ses paroles, indiquaient quelque chose de tragique.
Cinq minutes plus tard, Jean-Paul frappait chez le Père Supérieur. Un peu troublé, tout en scrutant sa conscience, il ne pouvait voir pourquoi on le mandait à cette heure. Il entra et fut surpris de l’air à la fois mystérieux et paternel du Supérieur qui l’invita à s’asseoir à côté de lui, près du bureau.
La vaste pièce était sourdement éclairée par une lampe avec abat-jour écrasé sur la table de travail. Dans les deux fenêtres, se ruait avec rage une pluie violente qui battait les vitres à les faire éclater. Sauf ce bruit monotone, un grand silence impressionnant régnait partout. Le Père Supérieur, avec une bonté infinie, commença par dire :
— Vous allez bien, mon cher enfant ?
— Oui, mon Père.
— Vous avez reçu récemment des nouvelles de chez vous ?
— Non. Maman m’a prévenu qu’elle ne pourrait pas écrire, cela la fatigue trop.
— En effet, je crois que votre mère était souffrante depuis quelque temps ; j’ai même su que sa maladie ne manquait pas d’une certaine gravité.