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Page:Farley - Jean-Paul, 1929.djvu/67

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UNE PAIRE D’AMIS

— Une prise ! déclare l’arbitre en levant la main droite et détachant un doigt.

Une exclamation éclate dans le groupe des Lettres : « Bravo ! Tu les as, Forest ! » Mais de l’autre côté, une clameur étouffe les applaudissements. On crie, on hurle. Le « delirium tremens » est déchaîné.

Jean-Paul s’émeut, il s’énerve, il hésite, il comprend mal les signes du receveur.

— Au jeu ! au jeu ! répète l’arbitre.

Enfin le lanceur se décide ; mais… la balle roule à terre, à dix pieds devant lui.

— Une balle, déclare Barrette, en levant la main gauche.

Nouvelle explosion. Les Philosophes exultent, parlent tous ensemble. Une voix vient à percer : « Envoie-la par la poste, si tu ne peux pas la rendre. »

Au fond du filet, Gaston rage. Il arrache le masque qui lui préserve le visage, et, la poitrine garnie de son plastron soufflé, il s’avance, les bras en l’air, la figure en feu : « Ti-Jean, place-toi ! »

Jean-Paul, confus, humilié, se redresse. Ses joues flambent, ses yeux étincellent, ses narines vibrent. Le coup de fouet lui a redonné la bravoure. Debout, ou plutôt cabré, dans une pose de défi, il brille comme un beau coq dans le soleil. Souple et presque ailé, il ressaisit la balle et la