certainement, au livre de Dieu, quinze ou vingt pages de nos péchés mortels.
Fougères emplissait quatre tasses grandes comme des coquetiers ; il prit la parole :
— Nul doute, certes, que ce pique-nique agréable au Seigneur, ne soit, du fait de la matrone Dax, embêtant pour nous. Mais je dépose un amendement : deux voitures seraient mobilisées, et la dite matrone encombrerait la plus large, en compagnie des moins vertueux d’entre nous. Les autres, et moi-même à leur tête, se contenteraient d’une mortification moindre, et n’useraient que de la jeune Alice pour dompter leur esprit et mater leur chair.
— Fougères, – affirma madame Terrien, – vous êtes un satyre.
Mademoiselle de Retz s’accouda sur sa chaise longue, et appuya sur Fougères le regard curieux de ses grands yeux hardis :
— Vous lui faites la cour, naturellement, à cette petite ?
Bertrand Fougères haussa les épaules, nonchalant :
— Voilà bien les femmes ! et celle-ci se prétend psychologue ! Non, je ne fais pas la cour aux jeunes provinciales dont les studieux loisirs se partagent entre l’aquarelle bleue et rose, les valses de madame Chaminade, les romans de mademoiselle Fleuriot et la tapisserie au petit point.
Mademoiselle de Retz étendit derechef son corps mince parmi les coussins de la chaise longue et renversa sa tête dorée, dont la bouche souriait d’ironie.