Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/176

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doucement les épaules de la jeune fille. Elle tressaillit, mais ne se défendit point d’abord…

La main du fiancé s’empara des deux mains molles nouées l’une à l’autre… Et peu à peu, ses lèvres s’approchèrent du visage incliné vers le sol. Mademoiselle Dax sentit le frôlement de la soyeuse barbe d’or… Pareillement, d’autres lèvres s’étaient approchées, s’étaient posées… Mademoiselle Dax trembla toute. Sa tempe bruissante se souvenait d’une caresse ancienne. Allait-il revenir, le baiser redoutable et doux, le baiser délicieux, le baiser câlin et timide, tout ensemble de feu et de neige ?…

Or, il revint : mais ce ne fut pas à la tempe…

Lâchant les épaules de sa fiancée, M. Barrier, d’une main brutale, avait saisi la nuque frémissante : et, attirant à lui le visage empourpré, il le baisait dans la bouche d’un brutal baiser lascif. Mademoiselle Dax sentit des dents qui heurtaient ses dents, une langue qui violait sa langue…

Effarée, révoltée, écœurée, la vierge, alors, de toutes ses forces, repoussa l’homme en rut et s’enfuit…